La situation sécuritaire en Haïti continue de se dégrader à un rythme effréné. Les gangs armés étendent leur emprise sur des portions toujours plus vastes du territoire national. Selon les dernières informations, plus de 85% de Port-au-Prince serait désormais sous leur contrôle. Les attaques meurtrières se multiplient quotidiennement, plongeant la population dans une terreur permanente.
L’expansion des gangs ne connaît plus de limites géographiques. Kenscoff, localité perchée sur les hauteurs de la capitale, est tombée entre leurs mains. Carrefour-Feuille, banlieue autrefois relativement épargnée, subit désormais leur loi. Plus au sud, Gressier a été investie, tout comme Cabaret au nord. La Croix-des-Bouquets, à l’est de la capitale, est également sous leur joug.
La menace franchit désormais les frontières du département de l’Ouest. Des groupes armés ont été signalés à Mirebalais, dans le Plateau Central. Des menaces explicites pèsent maintenant sur Hinche et Lascahobas, laissant présager une progression inexorable vers le centre du pays.
Cette expansion fulgurante soulève une question cruciale : comment ces gangs parviennent-ils à maintenir leur puissance de feu ? L’argent ne semble pas manquer pour l’achat d’armes et de munitions. Le véritable enjeu résiderait dans les circuits d’approvisionnement.
Certains se questionnent sur le rôle de La République dominicaine dans l’acheminement des armes et des munitions vers Haïti ?
L’attaque récente contre Mirebalais, suivie de l’interruption de la route et de la saisie de trois importantes cargaisons d’armes, pourrait marquer un tournant. Cette opération visait à sécuriser ou à perturber un axe logistique vital. Wilson Jean (Lanmo sanjou) et Jeff Larose (Gwolwa), figures emblématiques du banditisme et principaux fournisseurs d’armes, ont réagi brutalement à ce coup de filet. On comprend la raison de ces attaques meurtrières dans la commune de Mirebalais le lundi 31 mars dernier.
Cette ville, relativement épargnée, est devenue un nouveau champ de bataille dans la lutte pour le contrôle des territoires et des flux d’armes. Ces événements marquent un changement de stratégie des gangs, les poussant à étendre leur influence au-delà de la capitale pour sécuriser leurs approvisionnements. Nous Assistons aujourd’hui à une guerre ouverte pour le contrôle des routes et des points d’entrée des armes dans le pays devant une inefficacité criante de la Police Nationale et de la Mission multinationale.
Face à cette progression territoriale et à l’escalade de la violence, la peur s’installe. Certains cherchent à connaitre les nouvelles motivations des gangs qui paralysent une nation déjà exsangue. Leurs motivations apparaissent complexes et multidimensionnelles. Historiquement, les gangs haïtiens ont souvent servi d’instruments à des acteurs politiques et économiques. L’effondrement de l’autorité étatique leur a offert une autonomie sans précédent, les transformant en acteurs incontournables de la scène nationale.
Leurs actions trahissent une volonté de domination territoriale, de contrôle des ressources et peut-être d’influence sur les autorités nationales et internationales. Enlèvements contre rançon, extorsions et attaques contre les infrastructures vitales constituent leur modus operandi, leur permettant à la fois de financer leurs activités et d’affirmer leur pouvoir.
La population haïtienne, prise en étau, vit dans une peur constante. La communauté internationale, quant à elle, peine à apporter des réponses adaptées à cette crise protéiforme. Les prochains jours seront décisifs pour l’avenir d’Haïti, confrontée à la montée en puissance de ces groupes armés qui semblent déterminés à redessiner la carte du pouvoir dans le pays.
La rédaction