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Haïti : Le CARDH met en garde contre l’euphorie autour de la désignation des gangs comme “terroristes”

Crédit photo: logo du CARDH

Haïti : Le CARDH met en garde contre l’euphorie autour de la désignation des gangs comme “terroristes”

Crédit photo: logo du CARDH

La décision des États-Unis de classer les coalitions armées “Viv Ansanm” et “Gran Grif” comme organisations terroristes étrangères marque un tournant dans la perception internationale de la crise sécuritaire en Haïti. Pour le Centre d’Analyse et de Recherche en Droits de l’Homme (CARDH), cette mesure confirme une réalité implacable : Haïti fait face à une crise terroriste, bien plus grave qu’une simple criminalité urbaine.

 

Dans un rapport publié quelques jours après la décision américaine, le CARDH décrit des groupes armés fonctionnant comme de véritables milices, contrôlant des territoires entiers, imposant leur loi par la terreur, et multipliant les attaques contre des institutions publiques (commissariats incendiés, hôpitaux pris pour cible, enlèvements massifs).

 

Pourtant, l’arsenal juridique haïtien reste inadapté. Bien qu’un décret sur le financement du terrorisme ait été adopté en 2023, aucune loi ne définit clairement ce qu’est un acte terroriste, ce qui entrave toute réponse judiciaire efficace.

 

Les États-Unis ont clairement averti : “L’ère de l’impunité pour ceux qui soutiennent la violence en Haïti est terminée”, a déclaré le secrétaire d’État Marco Rubio. L’ambassadeur américain en Haïti, Dennis B. Hanskins, a précisé que cette désignation permettra au FBI, à la DEA et autres agences de traquer non seulement les gangs, mais aussi leurs complices, avec des mesures comme le gel des avoirs à l’étranger, l’interdictions de transactions financières et les poursuites judiciaires extraterritoriales.

 

Le CARDH note que certaines personnalités déjà sanctionnées pour leur soutien aux gangs pourraient bientôt être inscrites sur des listes de financeurs du terrorisme, exposées à des sanctions plus lourdes.

 

Le CARDH met cependant en garde contre une approche trop simpliste. En assimilant les gangs haïtiens à des groupes comme les Talibans ou les FARC, les États-Unis appliquent une logique globale à une crise locale complexe. Ce label “terroriste” pourrait radicaliser davantage les gangs, les poussant à chercher des alliances avec des réseaux criminels internationaux et aggraver la crise humanitaire, déjà hors de contrôle.

 

Autre inquiétude : le durcissement des politiques migratoires. Déjà, depuis le 15 mars 2025, Haïti a été placé sur la “liste orange 34” des États-Unis, restreignant l’accès des Haïtiens à son territoire. Le CARDH craint une augmentation des expulsions, comme celles subies par les migrants haïtiens en République dominicaine, souvent dans des conditions inhumaines.

 

Le rapport souligne l’effondrement des institutions haïtiennes comme la police qui est sous-équipée et dépassée par les attaques des gangs mieux armés. Un système judiciaire dysfonctionnel et une mission internationale (MMAS) encore inefficace. Sans une reconstruction urgente de l’État de droit, prévient le CARDH, la violence risque de s’ancrer durablement dans le quotidien des Haïtiens.

 

La Rédaction

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