Le gouvernement dominicain a récemment annoncé l’extension du mur frontalier dans la province de Dajabón, située face à Ouanaminthe en Haïti. Ce projet, lancé en 2022, vise à renforcer le contrôle migratoire et la sécurité à la frontière partagée entre les deux nations. Il prévoit la construction d’une barrière en béton de 164 km sur les 380 km de frontière commune.
Une stratégie sécuritaire controversée
Avec une première phase de 54 km déjà achevée, incluant des miradors et des routes de patrouille, cette nouvelle extension ambitionne de réduire l’immigration clandestine et de lutter contre le crime transfrontalier. Le gouvernement dominicain soutient que cette mesure est une réponse nécessaire aux enjeux sécuritaires et migratoires, visant à mieux contrôler les flux de population et à limiter les activités illicites, telles que le trafic de drogue et la contrebande.
Cependant, cette initiative suscite de vives critiques, tant sur le plan politique qu’humanitaire. De nombreux observateurs et organisations de défense des droits humains dénoncent une mesure discriminatoire qui aggrave la situation des migrants haïtiens et fragilise les relations entre les deux pays. En effet, la construction de cette barrière physique ne règle pas les problèmes fondamentaux liés aux échanges économiques, sociaux et culturels entre les deux peuples.
Conséquences économiques et humanitaires
L’extension du mur frontalier risque d’accentuer les tensions entre Haïti et la République dominicaine, déjà marquées par des différends historiques et des politiques migratoires strictes. Haïti, dont l’économie dépend en grande partie des échanges transfrontaliers, pourrait voir ses exportations et importations affectées, impactant les milliers de commerçants et travailleurs qui traversent quotidiennement la frontière.
Par ailleurs, les experts s’inquiètent des effets humanitaires de cette barrière, notamment pour les migrants haïtiens en quête d’un avenir meilleur. La fermeture progressive des points d’entrée augmente les risques de passage clandestin, exposant les migrants à davantage de dangers, y compris la violence des passeurs et des autorités locales.
Une relation bilatérale fragile
Historiquement, les relations haïtiano-dominicaines ont toujours oscillé entre coopération et conflit. La construction de ce mur accentue une fois de plus les divisions et les ressentiments, notamment au sein des populations concernées. Si la République dominicaine justifie son initiative par des impératifs de sécurité nationale, Haïti perçoit cette politique comme un isolement supplémentaire, reflétant une volonté de marginalisation et d’exclusion.
Dans ce contexte, il est impératif que les deux nations intensifient le dialogue pour trouver des solutions équilibrées et durables aux défis migratoires et économiques qu’elles partagent. Le renforcement des infrastructures de contrôle ne saurait remplacer des politiques migratoires inclusives et des efforts diplomatiques visant à améliorer la coopération bilatérale.
Face à ces défis, de nombreuses voix appellent à une approche plus concertée entre les deux pays. Plutôt que de s’appuyer uniquement sur des barrières physiques, une collaboration renforcée en matière de développement économique, de sécurité et de gestion migratoire pourrait offrir des solutions plus viables et respectueuses des droits humains.
Alors que la République dominicaine poursuit son projet d’extension du mur frontalier, l’avenir des relations haïtiano-dominicaines dépendra en grande partie de la capacité des dirigeants des deux nations à instaurer un dialogue constructif et à promouvoir des politiques équilibrées, répondant aux besoins de sécurité sans compromettre les droits fondamentaux des populations concernées.
La Rédaction
