En République dominicaine, un projet de loi pourrait bientôt obliger les étudiants haïtiens diplômés à rentrer travailler en Haïti pendant quatre ans. L’initiative vient du député Elías Wessin Chávez, soutenu par plusieurs élus.
Le texte s’appliquerait à tous les étudiants haïtiens, boursiers ou non. Ceux qui refuseraient de retourner en Haïti risqueraient l’expulsion et une interdiction définitive d’entrer en République dominicaine. Les boursiers devraient aussi rembourser leurs aides.
Les défenseurs du projet estiment que les diplômés haïtiens doivent aider au développement de leur pays. Mais la mesure est contestée. Beaucoup soulignent qu’Haïti manque d’emplois stables et que les diplômés ont souvent construit leur vie en République dominicaine.
En 2013, ils étaient 20 000 Haïtiens selon l’estimation d’un économiste, ancien étudiant à Pontificia Universidad Católica Madre y Maestra (PUCMM) en RD. Les étudiants haïtiens représentent plus de 70 % de l’ensemble des étudiants étrangers en RD et 40 % de l’ensemble des étudiants en Haïti.
Un rapport de l’Observatoire binational sur la migration, l’éducation, l’environnement et le commerce (OBMEC) porte à 40 000 le nombre d’étudiants haïtiens dans les universités dominicaines. Le Rapport souligne que le transfert de capitaux depuis Haïti vers la république voisine pour les étudiants haïtiens atteint en moyenne 220 millions de dollars américains par année pour financer les études des jeunes haïtiens en République Dominicaine.
Cette proposition de projet de Loi s’inscrit dans des relations tendues entre les deux pays depuis longtemps. En 1937, des milliers d’Haïtiens avaient été massacrés sous les ordres du dictateur dominicain Trujillo. Plus récemment, en 2013, la République dominicaine avait retiré la nationalité à des Dominicains d’origine haïtienne. Aujourd’hui, les expulsions massives continuent d’alimenter les tensions.
Le projet de loi n’est pas encore adopté. Des réactions sont attendues, notamment des étudiants concernés et des organisations de défense des droits. Certains y voient déjà une nouvelle mesure discriminatoire contre les Haïtiens.
La rédaction