L’homme d’affaires haïtien Réginald Boulos, figure controversée du paysage économique et politique d’Haïti, a vu sa demande de libération sous caution rejetée jeudi par le juge Jorge Pereira du tribunal de Miami. Malgré une impressionnante démonstration de force juridique avec une équipe d’avocats, l’audience, qui a duré près de trois heures, s’est soldée par un retour en détention pour Boulos. Le magistrat a estimé que la gravité des accusations pesant contre lui ne justifiait aucune indulgence.
Réginald Boulos a été interrogé non seulement sur des allégations de fausses déclarations concernant sa résidence aux États-Unis, mais aussi sur ses liens présumés avec des gangs armés en Haïti, une question brûlante dans un pays en proie à une violence endémique. Ces groupes criminels, qui contrôlent désormais 90% de la capitale Port-au-Prince, selon l’ONU, contribuent à l’instabilité politique et sécuritaire, plongeant la population dans une crise humanitaire sans précédent.
Autre sujet sensible abordé lors de l’audience : l’assassinat de l’ancien président Jovenel Moïse en 2021. Bien que Boulos ait publiquement soutenu Moïse lors de son élection, les autorités américaines semblent explorer toutes les pistes, y compris celle d’éventuelles connexions avec ce crime non résolu. La correspondance du fils de Moïse au Secrétaire d’Etat américain Marco Rubio, Joverlein, pourrait jouer un rôle clé dans l’enquête.
Un système judiciaire inflexible, loin des réalités haïtiennes
Contrairement à Haïti, où l’impunité et la corruption judiciaire permettent souvent aux puissants d’échapper à la justice, les États-Unis appliquent une rigueur implacable. Le juge Pereira a clairement signifié que personne, quelle que soit sa stature, n’est au-dessus des lois américaines. Une leçon difficile pour Boulos, habitué à un système haïtien où son influence et ses ressources lui ont permis, par le passé, d’éviter des poursuites.
Des dizaines de manifestants haïtiens, principalement basés en Floride, se sont rassemblés devant le tribunal pour exiger que Boulos ne soit pas renvoyé en Haïti. “Ce serait comme lâcher Tarzan dans la jungle”, ont-ils clamé, faisant référence au chaos sécuritaire qui règne dans le pays. Certains ont même suggéré son transfert vers le Salvador plutôt que de le voir bénéficier d’une éventuelle impunité en Haïti.
L’affaire prendra un nouveau tournant le 26 août, date à laquelle Boulos comparaîtra à nouveau devant le juge Pereira. D’ici là, la question reste ouverte : d’autres personnalités haïtiennes influentes pourraient-elles être impliquées et rejoindre Boulos en détention ?
Une chose est certaine : cette affaire met en lumière les profondes disparités entre les systèmes judiciaires haïtien et américain, tout en rappelant l’urgence de lutter contre l’impunité.
Rédaction / Monopole











