La rentrée judiciaire 2025-2026 s’est tenue ce lundi 6 octobre dans les locaux de la Cour de cassation et du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ), au Champ-de-Mars. Une rentrée exceptionnelle, marquée par le climat d’insécurité qui pousse depuis plusieurs années les institutions publiques à fuir le centre-ville.
Des membres du Conseil présidentiel de transition (CPT) étaient présents, parmi eux Lesly Voltaire, remplaçant Laurent St-Cyr actuellement en mission aux Etats-Unis et au Japon, ainsi qu’Emmanuel Vertilaire, responsable des dossiers judiciaires au CPT, Edgard Leblanc et Fresnel Joseph.
En l’absence du garde des Sceaux Patrick Pélissier, en déplacement, c’est le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé qui a pris la parole. Il a réaffirmé son engagement en faveur d’une justice indépendante. Emmanuel Vertilaire, conseiller-président du CPT, a pour sa part appelé les acteurs du système à agir avec constance pour restaurer l’autorité de l’État. Épinglé dans le scandale de corruption à la BNC, il a néanmoins insisté sur la nécessité de poursuivre les auteurs d’actes répréhensibles et de garantir les droits des citoyens.
De son côté, le président de la Cour de cassation, Me Joseph Lebrun, a salué le travail accompli, rappelant que plus de 150 arrêts ont été rendus par les cinq cours d’appel du pays malgré une année 2024-2025 particulièrement difficile. Le bâtonnier de l’Ordre des avocats de Port-au-Prince, Me Patrick Pierre-Louis, a dénoncé les conditions précaires dans lesquelles travaillent les avocats et plaidé pour un véritable renforcement du système judiciaire.
Un système à bout de souffle
Derrière les discours, la réalité demeure sombre : prisons surpeuplées, détenus en attente interminable de jugement, grèves répétées de greffiers et de magistrats, corruption endémique. Le ministère de la Justice s’illustre par son instabilité, incapable de maintenir un commissaire du gouvernement à Port-au-Prince dans un contexte de « chaise musicale » liée aux pressions et aux scandales.
Les infrastructures judiciaires, elles aussi, reflètent ce naufrage : tribunaux insalubres, relogés dans des maisons étroites et inadaptées, murs décrépits, chaleur suffocante et conditions indignes pour les justiciables comme pour les professionnels du droit. Quant aux écoles de droit, elles sont décriées comme de simples « banques de borlette », sans véritable formation structurée.
La justice, un idéal toujours trahi
Chaque rentrée judiciaire apporte son lot de belles paroles et de promesses. Mais pour la population, la lassitude grandit face à un système incapable de garantir équité et dignité. Comme le rappelait une ancienne maxime : « La justice est ce besoin où tout le monde doit être traité avec respect, équité et dignité. Elle ne se limite pas aux lois, elle vit aussi dans nos choix quotidiens : écouter, défendre, partager, réparer. » Un idéal qui, en Haïti, reste encore bien lointain.
Bonne année judiciaire aux hommes de la basoche!
La Rédaction / Monopole










