Depuis plusieurs mois, la population haïtienne est confrontée à une dégradation alarmante des services de téléphonie cellulaire. Les interruptions d’internet et l’absence de réseau sont devenues monnaie courante, transformant l’accès à la communication en un luxe intermittent. Cette situation, déjà insoutenable, est aggravée par une augmentation des prix, parfois du simple au double, pour un service quasi inexistant. Face à cette réalité, une question essentielle se pose : quel est le véritable problème derrière ce dysfonctionnement généralisé ?
Les compagnies de télécommunications justifient cette panne quasi permanente par la difficulté d’accès à leurs sites pour la maintenance et l’approvisionnement en carburant, notamment dans les zones affectées par l’insécurité. Cependant, cette explication est mise à mal par des témoignages d’usagers vivant dans ces mêmes “zones de non-droit” qui rapportent, paradoxalement, une connectivité stable et un internet rapide. Ce contraste frappant soulève de sérieuses interrogations sur la transparence et la bonne foi des opérateurs.
Un manque cruel de Régulation
L’un des problèmes majeurs semble résider dans l’absence criante d’une régulation efficace du secteur des télécommunications en Haïti. Dans un marché où les opérateurs jouissent d’une quasi-impunité, la tentation est grande de privilégier leurs intérêts au détriment des usagers. Le silence des institutions régulatrices est d’autant plus troublant que des rumeurs persistantes évoquent des avantages, tels que des lignes téléphoniques illimitées, accordés à certains fonctionnaires ou entités, ce qui pourrait expliquer cette inertie. Si ces allégations s’avèrent, elles mettraient en lumière une complicité tacite qui compromet gravement la capacité de l’État à protéger les droits des consommateurs.
Qui paie les pots cassés ?
En fin de compte, ce sont les citoyens haïtiens qui paient le prix fort de cette situation. L’accès à une communication fiable n’est pas seulement une commodité ; c’est un droit fondamental dans le monde actuel. Il est essentiel pour l’éducation, le commerce, la sécurité, et même pour maintenir les liens familiaux. La défaillance des services de télécommunications a des répercussions directes sur l’économie et la vie quotidienne de chacun.
Le jour viendra où un État sérieux, soucieux de ses citoyens, exigera des comptes. Il est impératif que les institutions régulatrices assument pleinement leurs responsabilités, que les compagnies de téléphonie soient tenues de respecter leurs engagements envers les consommateurs et que des sanctions soient appliquées en cas de manquement.
La transparence et la redevabilité sont les piliers d’un service public digne de ce nom. L’avenir de la connectivité en Haïti dépendra de la capacité des autorités à restaurer l’ordre et à défendre les droits des usagers face aux abus.
DSB/Monopole