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Assassiner un bébé de manière aussi macabre fait frémir même le diable

Crédit photo: Ricardo Germain, Spécialiste en sécurité et Défense

Assassiner un bébé de manière aussi macabre fait frémir même le diable

Crédit photo: Ricardo Germain, Spécialiste en sécurité et Défense

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 Par Ricardo Germain, Spécialiste en Sécurité et Défense

On raconte que Somoza, un ancien basketteur très connu au début des années 2000, aurait commis un acte similaire à Saint-Marc en lançant un bébé dans une maison en flammes lors des affrontements entre RAMIKOS et Balewouze.

 

À Kenscoff, la même horreur s’est produite, en 2025, soit 25 ans plus tard, important cette fois-ci tant pour le bébé que la vie de la mère du bébé. Celle-ci ayant été trop submergée par le choc et par la douleur.

 

Qu’est-ce qui peut pousser des individus à commettre de telles abominations, allant jusqu’à surpasser la cruauté de tous les démons de l’enfer ?

La magie noire ? Les pratiques maléfiques ?

La consommation de la drogue ?

L’absence d’éducation familiale?

La négligence des autorités politiques?

Ou enfin, un véritable défi lancé à la justice ?

 

Personne ne sait

Personne ne saura exactement ce qui se passe dans la tête d’un assassin qui décide de ne respirer que la cruauté comme choix, pour vivre et pour passion.

 

André Glucksmann, en développant le concept de Guerrier totalitaire, montrait déjà que la soif de sang, à un certain moment, peut atteindre des proportions inimaginables. Il y a quelques années, on racontait comment un criminel, près de vingt ans auparavant, avait éventré un enfant en le lançant en l’air avant de l’embrocher avec son couteau, sous les rires macabres des autres.

 

Au-delà de cette folie meurtrière, un élément fondamental mérite d’être pris en compte.

C’est cette concurrence dans le mal. Elle est présente aussi bien chez les bandits que parmi même certains éléments des forces de l’ordre et d’autres acteurs au sein de la population. La concurrence dans le mal est en effet omniprésente.

 

Dans cette course à la cruauté, la quête de la violence extrême est devenue un moyen de s’immortaliser, de se forger une réputation et de s’imposer comme un barbare de temps modernes, pour reprendre un autre concept cher à Glucksmann (2005). Qui, par exemple, ne se souvient de certains personnages sinistres des VSN, des anciennes FAD’H et du phénomène Zengledou ? L’ancien policier Black Guyto, à lui seul, suffisait pour semer la terreur dans tout un quartier. Le cruel et sanguinaire Balendjo est demeuré une figure redoutée du milieu du banditisme jusqu’à son exécution à Ravine Choune, notamment pour avoir tué un jeune devant ses parents à coups de machette, et, dit-on, savouré le sang de la victime avec du pain.

 

L’Église catholique, dans une encyclique papale, soulignait l’importance d’investir dans l’humain, tout comme la Banque mondiale et de nombreux autres leaders. Mais lorsque l’humanité s’est totalement éteinte chez certains et que des sociétés, telles que la nôtre, sont devenues des usines à monstres et des fabriques de terreurs humaines, ne faudrait-il pas, plus encore que d’investir dans l’humain, chercher à sauver ce qu’il reste de l’âme ? Dans ce contexte, là où certains jugent nécessaire l’instauration d’un budget de guerre, je plaiderai, sans me laisser emporter par une sorte d’idéalisme, en faveur d’un budget de paix – un budget pour la renaissance et la reconstruction durable de l’homme haïtien afin que cette malédiction à vouloir tuer, piller, détruire, ne vienne plus jamais, nous habiter et nous hanter à l’avenir.

 

Afin, surtout, qu’aucun autre bébé, aucune autre femme, et aucun autre jeune, tant sur les bancs de l’université que dans les rues, ne soit jamais plus victime d’une ruée aveugle et effrénée vers le sang et le feu.

 

Ricardo Germain
Spécialiste en Sécurité et Défense

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