Habituellement dédiée au recueillement et aux célébrations pascales, la Semaine Sainte a cette année cédé la place à une vaste mobilisation citoyenne. Alors que les fidèles catholiques devaient commémorer la mort et la résurrection du Christ, les rues de Port-au-Prince ont résonné des cris de protestation contre l’insécurité, lors du « Mercredi Noir ».
Pour les chrétiens catholiques, le moment de commémorer la mort du Sauveur a connu un sérieux revers. Cette fête célébrée une fois l’an n’aura pas l’envergure souhaitée.
Traditionnellement, cette période est marquée par des processions, des messes solennelles et la vente de feuilles de rameaux pour le Dimanche des Rameaux. Mais pour cette année, les églises catholiques de la région métropolitaine sont restées fermées ou désertées par des fidèles terrés chez eux par peur des violences.
Généralement, en face de cette place, les petits commerçants de feuilles de rameaux étalent leurs marchandises pour servir les fidèles catholiques qui en achètent avant de se rendre à la messe. Cette année, la semaine sainte a systématique changé d’orientation. La majorité des Eglises catholiques reste fermée dans la région métropolitaine de Port-au-Prince et pour celles qui sont ouvertes, les fidèles craignant pour leur sécurité, restent cloitrés chez eux.
Pour le secteur économique, c’est le désastre. Les grands magasins qui profitent généralement de cette période pour embellir leurs comptoirs et maximiser leurs rentes, n’ont pas fait recettes ce mercredi Noir avec les artères menant vers ces magasins bloqués. Pas d’œufs de pâques pour cette année et les poissons risquent de rester longtemps dans les frigos des vendeurs à l’approche du vendredi saint.
Les gangs armés ne chôment pas et les résistants ne ferment pas les yeux. La mobilisation est devenue la priorité des priorités et certains s’interrogent déjà sur l’impact de cette activité sur la période pascale. Les poissons du vendredi annonçant la mort de Jésus et les volailles confirmant sa résurrection le dimanche pâques pourraient ne pas combler l’attente des mordus de la tradition chrétienne, car le moment n’est plus à la fête. Le « mercredi noir » a pris place dans les esprits pour mieux faire entendre raison aux dirigeants insouciants et indifférents face au problème de sécurité que traverse le pays.
Cette période n’est pas seulement celle du chemin de croix mais encore des Premières communions. Les jolies robes ornées de fleurs blanches, des gants, une couronne, des chaussures neuves : Des moments inoubliables pour des centaines d’adolescents qui font l’expérience d’une vie sainte et sans péché, toujours selon la tradition. Nous ne savons combien de futurs communiés étaient dans les rues ce mercredi noir pour répondre à l’invitation de cette mobilisation. Le catéchisme a été mis de coté au profit des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « LETA M VLE ALE LEKOL » se traduisant par « l’Etat je veux aller à l’école ». Comme une revendication des enfants et des jeunes dont les bâtiments scolaires ont été détruits et pillés même incendiés par les gangs armés.
Même si la manifestation n’a pu avoir lieu comme prévu, la mobilisation très tôt dans les rues de la capitale a donné un sérieux coup de massue à l’économie et aux entrepreneurs de la place. Les magasins sont restés fermés.
Une semaine sainte totalement éclipsée par la mobilisation. Les chaines de télé ne diffusent plus comme avant des films chrétiens pour marquer la période comme à l’accoutumée. Pour ce Mercredi noir, l’église catholique aurait préféré une messe noire pour voir revenir les belles traditions chrétiennes. Mais les investisseurs il faudra susciter d’autres besoins pour compenser les pertes de cette saison qui sont certainement actées.
La rédaction