Affichage de la date du jour

5

LIVE

Patrimoine en flammes : l’hôtel Oloffson ravagé par les gangs à Port-au-Prince, une perte inestimable pour la culture haïtienne

Crédit photo: L'Hotel Oloffson avant sa disparition sous les flammes à Port-au-Prince

Patrimoine en flammes : l’hôtel Oloffson ravagé par les gangs à Port-au-Prince, une perte inestimable pour la culture haïtienne

Crédit photo: L'Hotel Oloffson avant sa disparition sous les flammes à Port-au-Prince

Loading the Elevenlabs Text to Speech AudioNative Player...

Le Grand Hôtel Oloffson, monument historique emblématique de la capitale haïtienne, a été ravagé par un incendie dans la nuit du dimanche 6 juillet, à la suite d’une attaque armée menée par des gangs dans le quartier de Pacot. La nouvelle a été confirmée par son directeur, Richard Morse, via les réseaux sociaux, suscitant une vive émotion au sein de la population et des milieux culturels.

 

Fermé depuis 2022 en raison de l’insécurité persistante à Port-au-Prince, l’Oloffson représentait bien plus qu’un simple établissement hôtelier. Haut lieu de rencontres artistiques et intellectuelles, l’hôtel avait accueilli des figures aussi prestigieuses que Jacqueline Kennedy Onassis, Mick Jagger ou encore l’écrivain britannique Graham Greene, qui s’en inspira pour son roman Les Comédiens. Fondé à la fin du XIXe siècle comme résidence de la famille présidentielle Sam, le bâtiment avait traversé les régimes, les occupations, les séismes et les dictatures, sans jamais perdre son aura.

 

Réputé pour son architecture de style « gingerbread » et ses jardins luxuriants, l’hôtel fut transformé en établissement hôtelier dans les années 1930 par le capitaine suédois Werner Oloffson. Il devint rapidement un repère culturel, surnommé le « Greenwich Village des Tropiques ». Dans les années 1980, Richard Morse en prit la direction et fonda RAM, un groupe de mizik rasin dont les concerts du jeudi soir à l’hôtel attirèrent durant plusieurs décennies un public aussi éclectique qu’engagé.

 

Alors que les affrontements entre les gangs et la police se multiplient dans la capitale, le quartier de Pacot est désormais inaccessible, empêchant toute évaluation directe des dégâts. Le feu qui a consumé l’Oloffson est un symbole fort de l’effondrement progressif du tissu culturel haïtien sous la pression de la violence armée.

 

Dans un message publié le 9 juillet, les membres du groupe RAM ont exprimé leur douleur :

« Kè nou kase paske nou pèdi kay nou… Otèl Oloffson te plis pase yon kote, se te lakay nou, kote mizik RAM te fèt, kote kilti te respire… Nou kontinye mande pou jistis pou sosyete nou an. Nanm Ayiti pap peri. »

 

Réaction immédiate sur les réseaux sociaux : de nombreux internautes pleurent la disparition de ce lieu mythique, autrefois symbole de beauté, de résistance et de création. « Jodi a se Oloffson, demen ka se kay pa w », écrit un internaute. Pour beaucoup, c’est une partie de leur mémoire qui s’envole en fumée, et un patrimoine irremplaçable qui disparaît.

 

Alors que la violence gangrène la capitale, la destruction de l’Oloffson marque une étape tragique dans la crise haïtienne. Un symbole de plus qui tombe, dans un pays où l’art et la culture tentent encore de survivre sous les balles.

 

Xaviera Elie

Également sur RTM