La France traverse une crise politique sans précédent. À peine quatorze heures après la formation de son gouvernement, le Premier ministre Sébastien Lecornu a présenté sa démission au président Emmanuel Macron, qui l’a acceptée ce lundi 6 octobre. Dans une déclaration prononcée à Matignon, Lecornu a reconnu son incapacité à former une majorité, malgré plus de vingt-cinq jours de négociations intensives avec les partis d’opposition. Selon lui, « le réveil de quelques appétits partisans, parfois liés à la prochaine présidentielle », aurait torpillé les compromis envisagés.
Pour Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France insoumise (LFI), les responsabilités sont claires : « Le président Macron est responsable de ce chaos », a-t-il dénoncé, accusant le chef de l’État d’avoir ignoré « la voix du peuple », pourtant exprimée lors des législatives anticipées de 2024 après la dissolution de l’Assemblée nationale. Mélenchon a même appelé à une réunion des partis de gauche, mais sa proposition a été sèchement rejetée par Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes. Selon elle, les attaques répétées du leader de LFI contre certains alliés de gauche rendent toute coopération difficile.
À droite, la nomination surprise de Bruno Le Maire au ministère des Armées a provoqué un tollé. Bruno Retailleau, chef des Républicains au Sénat, dénonce « une rupture manquée » et déplore qu’Emmanuel Macron confie un portefeuille régalien à celui qu’il juge « responsable de la catastrophe économique de la France ». Retailleau appelle le président à clarifier sa position « après la chute du gouvernement Lecornu ».
Le Parti socialiste, de son côté, a adopté une posture mesurée. Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a salué la démission « avec dignité et honneur » de Sébastien Lecornu. Avec une pointe d’ironie, il a déclaré sur X : « Je me demandais s’il restait un gaulliste dans ce pays. Il en restait un. » Mais il a soigneusement évité de réagir à l’appel de Mélenchon. Arthur Delaporte, porte-parole du PS, a lui rappelé que « ce n’est pas à Jean-Luc Mélenchon de convoquer les forces de gauche ».
Une Cinquième République en crise
Depuis son adoption en 1958, la Ve République n’avait jamais connu un tel enchaînement d’échecs gouvernementaux : trois censures en moins de trois ans. Pensée par le général de Gaulle pour mettre fin à l’instabilité chronique de la IVe République et à la crise algérienne, elle vacille aujourd’hui sous les coups d’une fragmentation politique inédite.
Le parallèle avec 1969 est frappant : de Gaulle avait quitté le pouvoir après l’échec de son référendum sur la réforme du Sénat. Les Français, las de onze années de gaullisme, avaient dit « non » à 52 %. Cinquante-cinq ans plus tard, Emmanuel Macron semble à son tour confronté à une usure du pouvoir, aggravée par une inflation persistante, un pouvoir d’achat en berne et une dette publique abyssale de 3 000 milliards d’euros.
La contestation sociale ne faiblit pas. Des manifestations massives, organisées par les syndicats, rappellent les grandes mobilisations contre la réforme des retraites et les révoltes des Gilets jaunes. Pourtant, Emmanuel Macron reste inflexible, poursuivant une politique jugée déconnectée par une majorité de Français.
Macron en chute libre
Un récent baromètre Odoxa publié le 30 septembre confirme l’effondrement du président : sa cote de popularité atteint 22 %, son plus bas niveau depuis le début de son mandat. Près de 8 Français sur 10 estiment qu’il n’est « pas un bon président de la République ». Une dégringolade historique, en baisse de 6 points par rapport à juin, qualifiée de « record absolu en huit ans » par l’institut de sondage.
ET/Rédaction Monopole














