Le Monopole de l'info crédible

Affichage de la date du jour

5

LIVE

Haïti : Reprise des activités au Centre-ville, entre mystère, scepticisme et espoir fragile

Crédit photo: Image d'archives du Palais National en Haïti avant le tremblement de terre de Janvier 2010

Haïti : Reprise des activités au Centre-ville, entre mystère, scepticisme et espoir fragile

Crédit photo: Image d'archives du Palais National en Haïti avant le tremblement de terre de Janvier 2010

Loading the Elevenlabs Text to Speech AudioNative Player...

Ce jeudi, un conseil des ministres s’est tenu au Palais national d’Haïti, bâtiment emblématique du Pouvoir Exécutif mais déserté depuis plusieurs années en raison de la montée de l’insécurité. Ce retour surprenant des autorités dans le centre-ville de Port-au-Prince coïncide avec la rentrée judiciaire, marquée par la cérémonie qui s’est déroulée lundi à la Cour de cassation, située à quelques mètres du Palais présidentiel.

 

Pour certains, cette réappropriation du cœur administratif de la capitale est le fruit des efforts de l’actuel gouvernement qui aurait misé sur une relance progressive de l’activité dans la zone. Selon des sources proches du gouvernement, des ministères stratégiques comme l’Intérieur, le Commerce ou encore le Tourisme pourraient bientôt réintégrer leurs locaux situés au Champ de Mars. Une annonce qui suscite l’espoir d’un retour à la normale, mais aussi de nombreuses interrogations.

 

Les citoyens comme les journalistes restent prudents. Comment la Police Nationale d’Haïti (PNH) a-t-elle pu reprendre le contrôle d’un centre-ville en grande partie sous la coupe de gangs lourdement armés depuis des mois, sans véritable affrontement publicisé ? Aucun bilan officiel n’a été communiqué, aucun blessé ni mort rapporté, ce qui alimente les doutes sur la réalité des opérations de « reconquête ».

 

La présence de tirs entendus près du Champ de Mars pendant la tenue du Conseil des ministres témoigne aussi d’une insécurité persistante, malgré l’affichage de fermeté du gouvernement.

 

Le Directeur général a.i de la PNH, Jonas Vladimir Paraison, présenté comme un homme de terrain, s’est montré évasif face aux questions des journalistes : « Il faut surtout apprécier ce qui se fait », a-t-il répondu, sans fournir de détails sur les conditions de la reprise du contrôle de la zone.

 

Les observateurs s’interrogent : s’agit-il d’un vrai succès tactique ? Ou y a-t-il eu des négociations discrètes avec certains groupes armés ? L’absence de réactions sur les réseaux sociaux de figures connues du banditisme alimente aussi le mystère.

 

Rappelons que le retour à la normale reste loin d’être acquis. Le centre hospitalier de l’Hôpital général, tout proche du Palais national, reste fermé, et le gouvernement envisage même sa relocalisation. Une contradiction, alors qu’il encourage dans le même temps le retour des fonctionnaires dans le centre administratif.

 

L’arrivée annoncée d’une force de répression des gangs : espoir ou incertitude ?

Ce regain d’activités coïncide avec l’annonce de l’arrivée prochaine d’une force de répression des gangs (FRG), prévue par la résolution 2793 du Conseil de sécurité des Nations Unies, adoptée récemment. Mais pour de nombreux Haïtiens, ce soutien international soulève autant d’attentes que de méfiances : la capacité réelle de cette mission à reprendre le contrôle des zones rouges, démanteler les groupes criminels et sécuriser les axes routiers reste à prouver.

 

La tenue d’un Conseil des ministres au Palais national peut être perçue comme un geste fort, mais la réalité sur le terrain montre que la sécurité reste précaire. Tant que les chefs de gangs ne sont pas arrêtés, que les axes principaux restent sous le contrôle de Viv Ansanm, et que la population vit encore dans la peur, le retour à la normale reste un objectif lointain.

 

La Rédaction / Monopole

 

Également sur RTM