Les Chefs d’État et de Gouvernement des pays membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) se sont réunis à Bridgetown, capitale de la Barbade, pour le 48e sommet ordinaire de l’organisation. Ce sommet placé sous le signe de la coopération régionale, a été l’occasion d’aborder des questions cruciales telles que la sécurité, les droits humains, la crise alimentaire mondiale, les changements climatiques et la viabilité des échanges financiers.
Cependant, la situation sécuritaire en Haïti a dominé les discussions, avec un appel unanime à la mise en place d’une force de maintien de la paix pour stabiliser le pays.
Une région sous tension
La région des Caraïbes est devenue une plaque tournante pour les trafiquants de drogue en provenance du Mexique et de la Colombie. Ces réseaux criminels exploitent l’instabilité politique et sociale de certains pays, dont Haïti, pour acheminer des stupéfiants vers les États-Unis.
Et Haïti, en particulier fait face à une crise sécuritaire sans précédent. Les gangs armés, de plus en plus puissants, contrôlent une grande partie de la capitale, Port-au-Prince, et terrorisent la population. La faiblesse des institutions étatiques et la corruption endémique ont exacerbé la situation, rendant le pays vulnérable aux trafics illicites et à la violence généralisée.
La sécurité régionale au cœur des discussions
Lors de ce sommet, la sécurité de la région a été l’un des principaux points à l’ordre du jour. Le Secrétaire Général des Nations Unies, Antonio Guterres, présent à Bridgetown, a fermement condamné les actes criminels des gangs armés en Haïti. Il a qualifié la situation de “catastrophe humanitaire et sécuritaire” et a appelé à une action internationale urgente.
Guterres a proposé le déploiement d’une nouvelle force de maintien de la paix sous l’égide des Nations Unies pour combattre les gangs et rétablir l’ordre en Haïti. Il a également insisté sur la nécessité d’organiser des élections libres et transparentes pour permettre au pays de retrouver une stabilité politique.
Le Conseiller-Président haïtien Laurent St Cyr, Représentant Haïti au sommet, a soutenu cette proposition. Il a plaidé pour la transformation de la mission multinationale de soutien à la sécurité (déjà présente en Haïti) en une force de maintien de la paix plus robuste et mieux financée.
M. St Cyr a souligné que sans une intervention internationale significative, la situation en Haïti risquait de dégénérer davantage, avec des conséquences désastreuses pour toute la région.
Un soutien international renforcé
La Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a également pris la parole lors du sommet. Elle a exprimé son soutien aux efforts de la CARICOM et des Nations Unies pour stabiliser Haïti. Von Der Leyen a averti que si rien n’était fait pour endiguer la montée en puissance des gangs à Port-au-Prince, la situation pourrait rapidement devenir incontrôlable.
Elle a appelé à une mobilisation internationale pour fournir une aide humanitaire et sécuritaire immédiate à Haïti.
En marge des discussions, des Représentants des États-Unis et du Canada ont également exprimé leur préoccupation face à la crise haïtienne. Les deux pays ont promis de soutenir financièrement et logistiquement toute initiative visant à rétablir la sécurité en Haïti.
Une proposition concrète pour Haïti
La proposition de déployer une force de maintien de la paix en Haïti semble avoir reçu un accueil favorable.
Antonio Guterres a annoncé que les Nations Unies pourraient prendre en charge les dépenses structurelles et logistiques nécessaires à la mise en place de cette force. Cette annonce a été saluée par les membres de la CARICOM, qui ont souligné l’urgence d’agir rapidement.
Leslie Voltaire, dès son arrivée à la tête du Conseil Présidentiel de Transition en Haïti, a entamé des démarches pour renforcer les opérations de la Police Nationale haïtienne. Cependant, il a reconnu que sans un soutien international massif, les efforts locaux resteraient insuffisants pour faire face à l’ampleur de la crise.
Une mobilisation régionale et internationale
Le sommet de la CARICOM a également été l’occasion pour les pays membres de renforcer leur coopération en matière de sécurité régionale. Plusieurs États ont exprimé leur volonté de contribuer à la force de maintien de la paix en Haïti, que ce soit par des moyens humains, financiers ou logistiques. La Barbade, pays hôte du sommet, a annoncé qu’elle mettrait à disposition des ressources pour soutenir cette initiative.
En parallèle, des discussions ont eu lieu sur la nécessité de lutter contre le trafic d’armes en provenance des États-Unis et de la Colombie, qui alimente les gangs haïtiens.
Les participants ont appelé à une coopération accrue entre les pays de la région et les États-Unis pour endiguer ce flux d’armes illégales.
Le 48e sommet de la CARICOM a marqué un tournant dans la réponse internationale à la crise haïtienne. Avec le soutien des Nations Unies, de l’Union européenne et des pays de la région, une force de maintien de la paix pourrait bientôt voir le jour en Haïti. Cependant, les défis restent immenses. La communauté internationale devra non seulement stabiliser le pays sur le plan sécuritaire, mais aussi soutenir des réformes politiques et économiques profondes pour permettre à Haïti de se relever.
Les prochains mois seront décisifs. Si les promesses faites à Bridgetown se concrétisent, elles pourraient ouvrir la voie à un avenir plus stable pour Haïti et toute la région des Caraïbes.
Eddy Trofort
23 février 2025