Par Yves Paul Léandre
Leslie Voltaire passe le flambeau à son successeur, Fritz Alphonse Jean, dans un contexte marqué par des défis majeurs et un bilan en demi-teinte. Arrivé au pouvoir dans une période de crise aiguë, Voltaire a dû naviguer entre scandales, insécurité grandissante et pressions politiques, laissant derrière lui un héritage contrasté.
Un contexte difficile et des choix controversés
Leslie Voltaire a pris les rênes du CPT dans un climat de turbulences notamment marqué par le scandale de la Banque Nationale de Crédit (BNC);, impliquant trois conseillers présidentiels de premier plan : Emmanuel Vertilaire, Smith Augustin et Dr Louis Gérald Gilles. Face à cette crise, Voltaire a dû faire un choix difficile : écarter le Premier ministre Garry Conille, qui réclamait la démission des trois conseillers, afin de préserver la stabilité du CPT. Une décision jugée nécessaire pour maintenir l’équilibre au sein du Coynseil, mais qui a suscité des critiques quant à sa gestion de la corruption.
Lutte contre la corruption : un échec relatif
L’un des principaux engagements de Voltaire était de lutter contre la corruption au sein du CPT. Cependant, malgré ses efforts, cette promesse est restée largement inachevée. Les allégations de corruption visant trois membres du Conseil ont persisté, bien que la Cour d’appel ait provisoirement écarté le dossier. Ces accusations ont entaché la crédibilité du CPT et compliqué la gouvernance durant son mandat.
Insécurité : des promesses non tenues
En matière de sécurité, Leslie Voltaire s’était engagé à libérer au moins un axe routier contrôlé par des gangs armés avant la fin de son mandat. Malheureusement, cet objectif n’a pas été atteint. Les gangs ont continué d’étendre leur emprise sur Port-au-Prince et ses environs, rendant la situation sécuritaire encore plus critique. Des quartiers stratégiques comme Solino, Kenscoff, Lalue et Nazon sont tombés sous le contrôle des gangs, tandis que des violences meurtrières ont secoué des régions comme l’Artibonite, Warf Jérémie, Tabarre et Kenscoff.
Une transition préparée
Le 1er mars dernier, Leslie Voltaire a présenté son successeur désigné, Fritz Alphonse Jean, à la Mission multinationale, en prévision de la transition officielle prévue ce vendredi 7 mars. Cette passation de pouvoir intervient dans un contexte où les défis sécuritaires et économiques restent immenses, laissant à Fritz A. Jean une lourde tâche pour redresser la barre.
Critiques et bilan alarmant
Pour Me André Michel, représentant de l’Accord du 21 décembre, le bilan de Leslie Voltaire est alarmant. Sur sa page Twitter, l’avocat a dénoncé la perte de contrôle de plusieurs zones stratégiques et les massacres perpétrés dans différentes régions du pays. Il a également critiqué l’incapacité du CPT à endiguer l’insécurité et à rétablir l’autorité de l’État.
Un mandat gaspillé ?
Malgré quelques efforts pour renforcer la transparence et la stabilité, le mandat de Leslie Voltaire a été entaché par des échecs notables. La corruption au sein du CPT et l’insécurité croissante ont limité les avancées significatives, laissant un goût d’inachevé. Alors que Fritz Alphonse Jean prend les commandes, la question reste entière : parviendra-t-il à relever les défis laissés par son prédécesseur et à redonner espoir au peuple haïtien ?
Yves Paul Léandre