La situation entre la République dominicaine et les ressortissants haïtiens atteint un niveau critique dans la province de Punta Cana. Ces derniers jours, des centaines de Dominicains armés ont organisé des chasses aux Haïtiens, obligeant la police à se déployer massivement le dimanche 30 Mars 2025 pour éviter un bain de sang. Les manifestants accusent les Haïtiens de leur « voler » leurs emplois et perturbent la vie économique locale.

Une crise xénophobe

Les manifestations, encouragées par des groupes d’extrême droite, se font de plus en plus violentes. Des slogans hostiles comme « Les Haïtiens dehors ! » ou « Ils prennent nos emplois ! » résonnent dans les rues. Certains habitants menacent même de prendre les armes pour expulser de force les migrants haïtiens, majoritairement employés dans les secteurs agricoles et du bâtiment.

Les autorités tentent de calmer les tensions, mais la colère populaire semble incontrôlable. Plusieurs familles haïtiennes ont déjà fui la région par crainte des représailles.

Un conflit aux racines historiques profondes

Les tensions entre les deux nations voisines remontent à des siècles. Après avoir partagé l’île d’Hispaniola depuis la colonisation espagnole et française, Haïti a occupé la République dominicaine de 1822 à 1844, avant que cette dernière ne proclame son indépendance. Ce passé a laissé des rancœurs durables.

Au XXe siècle, les dictatures des deux côtés de la frontière (celles de Trujillo en République dominicaine et des Duvalier en Haïti) ont exacerbé les divisions. Le massacre de 1937, ordonné par Trujillo, où des milliers d’Haïtiens furent tués, reste une plaie ouverte dans la mémoire collective.

Aujourd’hui, la crise économique et politique en Haïti pousse des milliers de migrants à chercher refuge en République dominicaine, où ils sont souvent exploités et stigmatisés. Le gouvernement dominicain a durci sa politique migratoire, expulsant des milliers d’Haïtiens en 2023 et qui s’intensifie ces derniers mois.

Alors que la situation sécuritaire en Haïti se dégrade (gangs, kidnappings, effondrement de l’État), la République dominicaine renforce sa frontière et multiplie les expulsions. Les récentes violences à La Altagracia montrent que la haine xénophobe gagne du terrain, risquant de dégénérer dans un bain de sang.

Les organisations internationales appellent à la retenue, mais sans une solution politique en Haïti et une meilleure intégration des migrants, le cycle de violence pourrait empirer.

La rédaction