Un an après la création du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), la désillusion est totale. La structure, mise en place sous l’égide de la CARICOM et des États-Unis, n’a rempli aucun de ses objectifs principaux : rétablissement de la sécurité, organisation de la conférence nationale ou engagement de la réforme constitutionnelle. “Le CPT n’a pas répondu à 50% de nos attentes”, regrette amèrement un signataire de l’Accord de Montana.
La situation sur le terrain est catastrophique. Plus d’un million de déplacés internes, 6.000 nouveaux déplacés récemment dans le Plateau Central, 50% de la population en insécurité alimentaire et l’expansion inquiétante des gangs dans le Département du Centre : ces chiffres illustrent l’ampleur de la crise multidimensionnelle que traverse le pays. Les récentes attaques à Kenscoff, avec des incendies criminels ciblant des résidences privées, ont encore accru le sentiment d’abandon de la population.
Face à cet échec patent, trois options émergent dans les discussions politiques. La plus radicale préconise le renvoi pur et simple du CPT actuel. D’autres acteurs plaident pour un nouvel accord politique menant à la Cour de Cassation. Mais c’est l’option d’un remaniement ministériel ciblé qui semble prendre l’avantage, avec notamment la nomination d’un nouveau chef de gouvernement, d’un nouveau Directeur Général de la Police Nationale et impliquant un changement à la tête du CSPN.
Le défi sécuritaire reste au cœur des préoccupations. Malgré du matériel sophistiqué pour la PNH et le soutien des forces internationales, les gangs continuent de tuer, piller et incendier en toute impunité. “La population ne comprend pas cette impuissance des autorités”, constate un cadre des nations-Unies. La défiance grandit jour après jour, alimentée par l’enlisement des conflits internes et l’aggravation de la crise humanitaire.
Dans cette course contre la montre, les obstacles sont nombreux : absence de consensus politique clair, délais institutionnels contraignants et pression internationale croissante. Pourtant, des lueurs d’espoir subsistent avec une nouvelle feuille de route en préparation et une médiation renforcée de la CARICOM.
Alors qu’Haïti approche du point de rupture, le prochain remaniement ministériel devra être bien plus qu’un simple changement de visages. Il s’agit ni plus ni moins de refonder toute la gouvernance de crise pour redonner espoir à une population exsangue et stopper l’hémorragie sécuritaire. L’heure n’est plus aux demi-mesures, mais aux décisions courageuses et unificatrices.
La Rédaction
