On l’attendait le budget rectificatif 2024-2025 baptisé « Budget de Guerre » de 323 milliards de gourdes. Il a été enfin adopté ce lundi lors d’un Conseil des ministres dirigé par l’économiste Fritz Alphonse Jean, également Coordonnateur du Conseil Présidentiel de Transition (CPT).
Ce Conseil des ministres a été en grande partie consacré à la sécurité publique et à la défense nationale. Des projets de décrets pour faciliter le travail de la Police et de l’armée en parfaite cohésion a aussi été mis en discussion dans la lutte contre le banditisme. Il fallait agir vite avec les rumeurs qui couraient les rues sur un éventuel Coup d’Etat que prépareraient les groupes armés avec le support d’anciens rebelles.
De cette nouvelle enveloppe de 323 milliards de gourdes, 36 milliards soit seront consacrés à l’Armée et aux forces de l’ordre ce qui représente 37% du budget. Lors de ce Conseil des ministres, deux agences de renseignement créées sur l’Administration de Jovenel Moise ont été revisitées : l’Agence Nationale d’intelligence (AGI) et l’Agence Nationale de Sécurité (ANS). Avec ce nouveau budget adopté et des projets de décret votés, les Forces armées devraient bénéficier de nouveaux équipements très sophistiqués pour appuyer la PNH dans la lutte contre les gangs, lourdement armés.
Dans ce budget, 17,24 % iront à l’aménagement et la sécurisation de la bande frontalière, enjeu crucial de souveraineté et le contrôle des flux migratoires dans un contexte de tension régionale. Les trafiquants ont profité de cette faiblesse pour transiter des tonnes de drogues. Des trafics d’armes, de munitions et d’organes ont également été enregistrés au niveau de la bande frontalière entre Haïti et la République Dominicaine.
Plus de 16 % du budget rectificatif 2024-2025 seront affectés aux programmes humanitaires et à l’assistance sociale. Avec la nouvelle crise, la population est devenue très vulnérables sans eau, sans abri et sans mesures d’hygiène.
Lors de ce Conseil des ministres, des décrets sur l’organisation du référendum ont été adoptés. De nouvelles structures comme les commissions de démantèlement, de Désarmement et de réinsertion (CNDDR) ainsi que la Commission de réparation ont bénéficié d’une enveloppe plus ou moins importante pour faire le travail attendu à savoir préparer le dialogue vers la récupération des jeunes enrôlés dans l’enfer des gangs et les réinsérer socialement.
Le gouvernement espère avec ce budget exceptionnel de 323 milliards de gourdes (environ 2,5 milliards USD), atteindre les résultats attendus qui est la pacification et la stabilisation du Pays pour faciliter la reprise normale des activités, chemin qui doit mener vers les élections mais… dans combien de temps ? C’est la grande interrogation des citoyens inquiets.
Eddy Trofort