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150 millions de gourdes à la PNH : des résultats invisibles face à l’expansion des gangs

Crédit photo: Policier d'une unité spécialisée de la PNH

150 millions de gourdes à la PNH : des résultats invisibles face à l’expansion des gangs

Crédit photo: Policier d'une unité spécialisée de la PNH

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Le ministre de la Justice, Me Patrick Pélissier, a annoncé lors d’un atelier sur la crise foncière, l’un des facteurs clés de l’insécurité, le déblocage de 150 millions de gourdes (environ 1,1 million USD) pour renforcer les opérations de la PNH. Ces fonds doivent permettre l’acquisition d’équipements létaux et non létaux, selon ses déclarations.

 

Cependant, sur le terrain, la réalité est tout autre. En mars dernier, les gangs 400 Mawozo et Canaan ont pris le contrôle de Mirebalais, malgré la présence policière. Une offensive menée sous le regard impuissant d’agents en attente d’ordres hiérarchiques.

 

Les contribuables, aujourd’hui refugiés dans des camps de fortune, s’interrogent l’utilisation de ces fonds versés à la Police Nationale d’Haïti alors que les gangs continuent d’étendre leur emprise sur la région métropolitaine et d’autres zones du pays. L’occupation de la commune de Kenscoff est la preuve de l’impuissance de la PNH malgré les investissements.

 

Depuis des années, les promesses s’enchaînent. Sous le Gouvernement de Jovenel Moïse, des blindés avaient été commandés mais défectueux. Plusieurs ambassades en Haïti notamment le Canada, la France et les Etats-Unis ont fait des dons de matériels à la Police Nationale qui ont été engloutis et sans impact visible. Une résolution de l’ONU, soutenue par les États-Unis, a débouché sur une mission internationale qui n’empêche pas aux gangs de progresser.

 

Dans son dernier rapport au Conseil de sécurité, la cheffe de la BINUH, Maria Isabel Salvador, alerte : les gangs conquièrent de nouveaux territoires en dehors de la capitale. Malgré les discours et les budgets “sécurité”, plus 1 million de déplacés survivent sous la menace des armes dans les camps.

 

Le Conseil Présidentiel de Transition évoque un “budget de guerre” contre les trafiquants d’armes, de drogue et d’organes. Ils ont souligné que les vrais problèmes proviennent des trafiquants qui utilisent Haïti et la République dominicaine comme des plaques tournantes du crime organisé. Les gangs, surdotés en armes, bien organisés avec des alliés au sein même de la PNH, maintiennent le chaos pour faciliter le transit de marchandises illicites vers l’Amérique du Nord.

 

Aujourd’hui, Haïti fait face à une crise humanitaire exceptionnelle avec 6 millions d’Haïtiens en insécurité alimentaire, un chômage explosif qui atteint des proportions exagérées, des écoles fermées, un système de santé agonisant. Plus de loisirs, plus de vie normale. Une insécurité qui a tout englouti.

 

Ces 150 millions, comme les millions précédents, risquent de se perdre dans la mauvaise gouvernance. La PNH, courageuse mais sous-équipée, ne peut gagner seule. Sans traquer les financeurs des gangs, sans réforme profonde de l’État, chaque gourde dépensée ne sera qu’une goutte d’eau dans l’océan du banditisme.

 

La force des armes rend la situation des citoyens de plus en plus compliquée alors que les bulletins de vote tardent à venir pour mettre fin à ce cycle de transitions qui n’en finit pas pour répéter le chroniqueur Pierre Raymond Dumas.

 

Eddy Trofort

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