L’ultimatum de neuf jours lancé par l’ambassadeur américain Dennis Hankins au Conseil Présidentiel de Transition (CPT) n’a fait qu’ajouter à la confusion dans un climat politique déjà incertain. Alors que cette déclaration se présente comme un gage de confiance envers les acteurs locaux pour élaborer un « plan crédible » de sortie de crise, elle contraste étrangement avec les rumeurs persistantes d’une demande de prolongation de la période transitoire.
Ces murmures, loin d’être insignifiants, agitent les milieux politiques et alimentent la méfiance d’une population épuisée par les promesses non tenues du CPT. La possibilité d’une requête transmise discrètement via la Caricom pour atteindre Washington laisse planer l’ombre d’une ingérence étrangère dans le processus haïtien.
Dans ce contexte trouble, l’optimisme affiché par le diplomate américain soulève des interrogations. S’agit-il d’un simple rappel du calendrier initial ou d’une manœuvre diplomatique visant à forcer le CPT à respecter des délais irréalistes ? Le décalage entre cette assurance publique et les signaux d’un besoin de temps supplémentaire pose une question cruciale : qui prend vraiment les décisions pour l’avenir d’Haïti ?
La discrétion entourant une éventuelle demande de prolongation est particulièrement inquiétante. Selon des sources, des discussions auraient été engagées depuis la réunion en Jamaïque, mais aucune communication officielle n’a été faite. Cette opacité nourrit les spéculations sur cette stratégie pour faire passer cette prolongation comme une exigence de la Caricom ou du Département d’Etat plutôt qu’une initiative du CPT lui-même.
Si cette hypothèse se confirme, elle révèle une tentative de déresponsabilisation face à une décision impopulaire. Une telle manœuvre, loin de rassurer, ne fait qu’aggraver la méfiance d’une population envers ses dirigeants.
Un autre obstacle majeur se profile : le référendum constitutionnel, initialement prévu pour le 11 mai 2025, semble désormais irréalisable. Comment parler de refondation démocratique sans consulter le peuple sur sa future Constitution ? Ce retard met en lumière une précipitation inquiétante, voire une absence de planification sérieuse.
Face à ces incertitudes, les 278 jours évoqués par Hankins paraissent un défi insurmontable. Il est réellement impossible de bâtir des institutions stables dans un pays aussi fracturé en si peu de temps. Les haïtiens assistent lentement à de nouveaux revirements, dictés par les réalités du terrain et les pressions extérieures.
Alors que le compte à rebours est enclenché, les Haïtiens observent chaque geste et chaque silence de ceux qui prétendent guider leur destin. Dans cette transition sous haute surveillance, le temps finira par révéler les véritables intentions derrière l’optimisme énigmatique de Dennis Hankins et l’opacité de ce processus politique.
La rédaction
