Le Monopole de l'info crédible

Affichage de la date du jour

5

LIVE

Mirebalais à genoux, Port-au-Prince dans le noir : L’État absent, la colère gronde

Crédit photo: Le barage de Péligre à Mirebalais

Mirebalais à genoux, Port-au-Prince dans le noir : L’État absent, la colère gronde

Crédit photo: Le barage de Péligre à Mirebalais

Loading the Elevenlabs Text to Speech AudioNative Player...

La situation à Mirebalais est plus que critique, elle est le symbole criant de l’abandon d’une population par un État fantôme. Après avoir courageusement résisté pendant des mois aux assauts répétés, les habitants de cette fière cité du Plateau Central ont finalement succombé à une attaque que d’aucuns qualifient de préméditée, orchestrée par des gangs et sciemment ignorée, voire facilitée, par les autorités centrales et la Police Nationale d’Haïti (PNH).

Le prix à payer pour cette trahison est exorbitant. Non seulement les Mirebalaisiens ont tout perdu, leurs maisons, leurs commerces, leurs biens – mais ils sont désormais contraints à un exode forcé vers d’autres villes et d’autres villages rendant le chemin vers la capitale inaccessible. Le trajet autrefois abordable de 750 gourdes, déjà jugé excessif par rapport aux 250 gourdes d’avant-crise, a explosé pour atteindre un montant ahurissant de plus de 10 000 gourdes. Et pour cause, le chemin de 50 kilomètres est devenu un périple de 300 kilomètres environ via Saint-Raphaël, Saint-Michel et Pont-Sondé, avec une multitude de postes de contrôle tantot de brigadiers tantot de bandits, un détour kafkaïen qui illustre l’emprise des gangs sur le territoire national.

Face à cette détresse, que fait l’État ? Rien. Absolument rien, si ce n’est se vautrer dans un silence assourdissant ou distiller des discours lénifiants destinés beaucoup plus a la communauté internationale qu’aux habitants de l’île.

Pendant que les Mirebalaisiens pleurent leurs pertes et trouvent refuge grâce à la solidarité poignante des villes voisines pas encore sous le joug des terroristes , les caciques du pouvoir paradent sans vergogne à l’étranger ou dans les zones épargnées par la violence, escortés par des forces de sécurité qui font cruellement défaut à ceux qui en ont le plus besoin. Les huées et les insultes d’une population exaspérée par cette indifférence crasse sont la seule réponse audible à leur arrogance.

Dans un accès de fureur compréhensible, certains habitants de Mirebalais ont franchi un point de non-retour. Exaspérés par l’inaction de l’État et l’impunité des gangs, ils ont pris de force le contrôle de la centrale hydroélectrique de Péligre, plongeant Port-au-Prince dans l’obscurité depuis près de deux semaines. Si le désespoir de ces citoyens est palpable, leur action soulève une question cruciale : ne constitue-t-elle pas un dangereux précédent pour un site aussi stratégique et sensible au vandalisme ?

Cette prise de contrôle, aussi désespérée soit-elle, met en lumière la faillite totale de l’État haïtien. Incapable de protéger ses citoyens, incapable de garantir la sécurité et la libre circulation, incapable même de susciter un semblant d’espoir, le gouvernement actuel s’accroche à un pouvoir illégitime, préférant mendier une aide internationale qui ne profite qu’à ses propres intérêts.

La situation à Mirebalais et les conséquences de la prise de la centrale de Péligre sont un avertissement clair. L’impunité engendre la colère, et la colère, le chaos. Si l’État ne se ressaisit pas, s’il continue de faire la sourde oreille aux souffrances de son peuple, le pays tout entier risque de sombrer dans une anarchie dont les conséquences seront incalculables. Il est temps que les paroles se transforment en actes, que la protection des citoyens devienne la priorité absolue, et que les habitants de Mirebalais, et tous les Haïtiens victimes de cette crise, puissent enfin envisager un retour à une vie digne et en sécurité. L’heure n’est plus aux discours ratiocinants, mais à des actions concrètes et immédiates.

 

Nou Bouke
CJDwetsoubouch/ Monopole

Également sur RTM