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La feuille de route de l’OEA en préparation sème déjà la discorde face à une population exaspérée

Crédit photo: Le Secrétaire Général de l'OEA Albert Ramdin

La feuille de route de l’OEA en préparation sème déjà la discorde face à une population exaspérée

Crédit photo: Le Secrétaire Général de l'OEA Albert Ramdin

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Alors qu’Haïti s’enfonce plus profondément dans une crise politique et humanitaire sans précédent, des éléments de la feuille de route récemment dévoilée par le nouveau Secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA), Albert Ramdin, a déclenché une vague d’indignation et de colère au sein de la population haïtienne. Ses propositions, notamment l’idée de pourparlers avec les gangs, sont perçues comme une provocation et une ingérence étrangère déconnectée des réalités du terrain.

 

En prenant ses fonctions le 30 mai, Albert Ramdin a affirmé qu’une solution à l’insécurité en Haïti nécessitait une approche “différente”. Il a notamment évoqué la possibilité de “pénétrer dans les gangs et leurs dirigeants, éventuellement par le biais d’une ‘proxy'”. Cette notion de “proxy” soulève de nombreuses interrogations : s’agit-il d’une connexion via internet ou d’un mandataire, un intermédiaire ? Le Secrétaire général a ajouté : “Nous devons trouver un moyen d’amener les gangs à la normalité”.

 

Cette déclaration a été reçue comme un véritable affront par de nombreux Haïtiens, qui qualifient ces groupes armés de “terroristes” responsables d’atrocités indicibles. Des citoyens, comme Yvon, un déplacé de Carrefour Feuille, ont ouvertement exprimé leur colère, se demandant : “Qui a autorisé Monsieur Ramdin à parler au nom du peuple haïtien ?” Ce sentiment d’ingérence étrangère est d’autant plus fort que les souffrances infligées par les gangs sont incommensurables. Madame X, victime de violences extrêmes, a exprimé sa rage, convaincue que ces groupes “travaillent pour l’étranger” et que la communauté internationale serait complice de leurs exactions.

 

 

Un policier d’une unité spécialisée engagée dans les combats, souhaitant rester anonyme, a qualifié la déclaration de l’ambassadeur Ramdin de “complaisante” envers des bandits qui ont assassiné et mutilé ses collègues. Il a exprimé son désarroi et sa colère, se demandant si l’OEA allait lui “rendre ses deux collègues et tout ce qu’il a perdu”.

 

Une feuille de route politique sous haute tension et des priorités contestées

Les premières discussions concernant la feuille de route de l’OEA sont prévues en marge de l’Assemblée générale de l’organisation, qui se tiendra du 25 au 27 juin à Antigua-et-Barbuda. Ramdin a exprimé l’espoir que les parties prenantes haïtiennes accepteront d’organiser un référendum constitutionnel et de maintenir les élections nationales prévues pour le 15 novembre. (D’où vient cette date ?) La sécurité, qu’il a qualifiée de “haute priorité”, est présentée comme la clé de la réussite de ces initiatives. Cependant, la question se pose de savoir si le rétablissement de la sécurité est réellement envisageable avant la préparation concrète des élections. Il a également rappelé que le mandat du Conseil présidentiel de transition (CPT) expirera en février prochain.

 

Cependant, la légitimité du CPT est de plus en plus remise en question en Haïti, certains se demandant si sa présence “désuète” ne contribue pas à rendre possible ce genre de discours déroutant. La population s’interroge sur la nature des négociations envisagées avec les gangs : s’agit-il de les inciter à se rendre ou tout simplement à déposer les armes, avec le risque qu’ils les reprennent une fois à court d’argent ?

 

L’aide humanitaire entravée.

L’ampleur de l’aide humanitaire en Haïti est sévèrement entravée par le contrôle des ports par les gangs, déplore Ramdin. Les Nations Unies estiment que jusqu’à 90% de Port-au-Prince est sous le contrôle de ces groupes, rendant l’acheminement de l’aide essentielle quasi impossible. “Si nous ne réussissons pas en Haïti, nous manquons à notre objectif de créer la démocratie, la paix et la prospérité”, a martelé le secrétaire général de l’OEA.

 

Pour un professeur d’université contraint de fuir sa maison incendiée par les gangs, la déclaration de Ramdin démontre clairement que “l’international n’a rien compris de ce que nous vivons en Haïti”. De nombreux Haïtiens, à l’instar de ce professeur, estiment que la solution doit être “définitivement endogène”. Ils soulignent la nécessité pour les Haïtiens de prendre en main leur destin et de trouver leurs propres voies de sortie de crise, loin des ingérences et des propositions jugées inadaptées de la communauté internationale.

 

La déclaration du nouveau secrétaire général Ramdin a non seulement provoqué un choc, mais elle a également ravivé le débat sur la souveraineté d’Haïti et la pertinence de l’approche internationale face à une crise humanitaire et sécuritaire sans précédent. La question demeure : comment les acteurs internationaux peuvent-ils mieux comprendre et soutenir une solution véritablement haïtienne, respectueuse de la volonté et des souffrances de son peuple ?

 

DSB/Monopole

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