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Drones de la honte : Quand l’espoir populaire devient arme politique

Crédit photo: Le Coordonnateur du CPT Fritz Alphonse Jean et le Conseiller-Président Laurent St Cyr

Drones de la honte : Quand l’espoir populaire devient arme politique

Crédit photo: Le Coordonnateur du CPT Fritz Alphonse Jean et le Conseiller-Président Laurent St Cyr

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Le pays suffoque. Étouffé par la misère, ravagé par la violence des gangs, assiégé par l’indifférence des élites. Et maintenant trahi. Les dernières révélations du coordonnateur du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), Fritz Alphonse Jean, ont eu l’effet d’un séisme politique : les drones kamikazes, acquis pour libérer la nation du joug des gangs armés, seraient détournés à des fins partisanes, manipulés dans l’ombre par un pouvoir rongé par la duplicité.

Ce n’est plus une rumeur. C’est une trahison.

 

Financés par le sang, la sueur et l’impôt du peuple haïtien, ces drones de combat avaient suscité un rare moment d’espoir. Enfin, la technologie se mettait au service des forces de l’ordre. Enfin, une riposte tangible contre l’impunité des gangs. Les premières frappes avaient donné des résultats : des pertes infligées aux criminels, un repli de leurs zones de confort, une étincelle d’espoir dans les yeux d’une population lassée de fuir ou de pleurer.

 

Mais très vite, l’enthousiasme s’est heurté à une dure réalité : les drones n’ont visé que deux zones précises. Des bastions ciblés, pendant que d’autres – pourtant connus pour héberger des chefs de gangs notoires – restaient curieusement épargnés. Pourquoi Fontamara, proche du pouvoir, n’a-t-il jamais été inquiété ? Pourquoi le chef de Pernier, ennemi public numéro un, a-t-il pu s’échapper malgré les appels désespérés de la police pour un appui aérien ?

 

Mais le scandale prend une dimension insupportable quand on évoque Mirebalais. Là-bas, des citoyens se sont battus avec courage pour repousser l’envahisseur. La police, à bout de souffle, avançait derrière un blindé payé par les deniers de victimes impuissantes. Ce véhicule, dernier rempart contre la barbarie, a été incendié. Et les drones ? Absent. Silencieux. Complices par omission.

 

Les Mirebalaisiens, spectateurs d’un drame que l’État aurait pu éviter, n’oublieront jamais. L’odeur des flammes, les cris des enfants fuyant leurs maisons en feu, le silence assourdissant du ciel haïtien… Voilà ce que laisse derrière lui le calcul politique.

 

Certains citoyens ont même été stupéfaits de voir les affaires d’Etat s’étaler de cette manière sur la place publique entre le Coordonnateur du CPT Fritz Alphonse Jean et le Ministre de la défense Jean Michel Moïse. Pourquoi ce dernier a-t-il répondu avec autant d’arrogance à une demande du Président ? Le Pays a un déficit énorme d’homme d’Etat ajouté aux malheurs de la population sous la menace et l’agression constante des gangs dans le Pays.

 

Dans cette tragédie nationale, la phrase créole “zafè kabrit pa zafè mouton” – les affaires des autres ne nous concernent pas – prend une dimension terrifiante. Elle résume le sentiment d’abandon, la hiérarchie de la douleur, comme si certaines vies comptaient moins que d’autres, certains quartiers moins dignes d’être protégés.

 

La déclaration de Fritz Alphonse Jean – “les drones kamikazes ont été financés par l’argent du peuple haïtien, ils ne sont pas la propriété d’une personne” – est un cri. Un cri que l’Histoire retiendra. Un cri de colère, de désespoir, mais aussi de vérité.

 

Car si le CPT reste figé, s’il ne demande pas des comptes, s’il n’ose pas nommer et sanctionner, alors il deviendra complice de ce mensonge d’État. La justice, dans ce pays à genoux, ne peut plus être différée. Les morts de Carrefour-Feuilles, les déplacés de Mirebalais, les enfants sans école, les familles sans abri réclament plus que des mots : ils réclament des actes. On comprend pourquoi, les mirebalaisiens ont décidé de couper le courant vers Port-au-Prince. Un accident malheureux qui explique cependant le ras-le-bol de ces gens qui ont perdu des membres de leurs familles et qui regardent l’irresponsabilité des dirigeants au plus haut niveau de l’Etat.

 

Haïti est à la croisée des chemins. Entre résignation et sursaut. Entre l’effondrement total de l’État ou sa renaissance par une purge impitoyable de ceux qui ont choisi la trahison.

 

À ceux qui détournent les armes du peuple à leur profit, l’Histoire ne pardonnera pas.

 

DSB/Monopole

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