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Un nouveau budget adopté ! Mais pour faire quoi, au juste ?

Crédit photo: Le Conseil des ministres du jeudi 9 Octobre dirigé par le CP Lesly Voltaires en absence de Laurent St Cyr en voyage

Un nouveau budget adopté ! Mais pour faire quoi, au juste ?

Crédit photo: Le Conseil des ministres du jeudi 9 Octobre dirigé par le CP Lesly Voltaires en absence de Laurent St Cyr en voyage

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Ce Jeudi, le Gouvernement haïtien a adopté un nouveau budget pour l’exercice 2025-2026, d’un montant de 345 milliards de gourdes, lors d’un conseil des ministres tenu symboliquement au Palais national. Un événement marqué autant par les tirs nourris que par le manque total de transparence autour de ce document crucial pour l’avenir du pays.

Sur le papier, il y aurait de quoi se réjouir : 70 % du budget sera financé par les recettes internes, une amélioration notable par rapport aux exercices précédents, souvent soutenus à plus de 60 % par l’aide internationale. Mais au-delà de cette performance fiscale apparente, une question persiste : ce budget élevé et équivalant à plus de 2.6  milliards de dollars US servira-t-il réellement à changer le quotidien des Haïtiens ?

Car le paradoxe est là : aucun débat public, aucune communication préalable, aucune consultation élargie. Ce budget a été préparé dans un flou quasi total. À tel point que certains observateurs n’hésitent pas à parler d’un “document confidentiel”, tellement son accès a été limité, même pour les acteurs de la société civile.

 

L’analyse du document montre officiellement, les priorités du gouvernement restent :

  • Restauration de la sécurité publique ;
  • Organisation d’élections inclusives ;
  • Stabilisation macroéconomique ;
  • Amélioration des conditions de vie.

Des axes stratégiques essentiels, certes. Et dans les grandes lignes, les chiffres semblent cohérents notamment au niveau social. 35 % du budget est alloué aux salaires, dont ceux de la PNH, du MENFP, et l’intégration de 4 promotions de policiers et de 2 500 soldats ; la sécurité publique et les élections occupent 16 % de la loi de finance et 15 % à l’éducation.

 

Le budget n’inclut malheureusement aucune nouvelle taxe en reprenant les mesures fiscales du budget rectificatif d’avril 2025. Certaines dispositions visent à soutenir la production locale, à protéger les investissements et à adapter l’application du Code des impôts (CGI) en réponse aux doléances des secteurs privés.

 

Haïti a un environnement extrêmement dégradé et une production agricole très faible. Il est certain que le Pouvoir de transition ne peut que penser aux élections, toutefois la dégradation de l’environnement reste un élément important pour le Pays avec le changement climatique qui a des incidences sérieuses sur la vie des gens.

 

Mais tout cela se heurte à une réalité accablante : Haïti est en asphyxie économique. Les ports peinent à fonctionner, les aéroports tournent au ralenti, et la dépendance alimentaire atteint des sommets. Environ 6 millions de personnes sont menacées par l’insécurité alimentaire. L’activité économique est quasiment paralysée. Le chômage explose, et l’exode des jeunes diplômés se poursuit.

 

Alors, à quoi bon un budget aussi ambitieux dans un pays qui n’arrive même pas à assurer le minimum vital ? L’absence de débat, l’opacité du processus d’élaboration et le décalage entre les ambitions affichées et les réalités du terrain posent problème. Ce budget est-il un instrument de relance ou simplement un exercice technocratique ?

 

L’année 2026 s’annonce cruciale avec, en ligne de mire, l’organisation d’élections. Mais sans sécurité, sans croissance, sans stabilité, les chiffres ne suffisent pas à bâtir une nation. Le peuple attend des résultats concrets, pas des documents budgétaires aux promesses abstraites.

 

La rédaction / Monopole

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