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Haïti sous un voile de poussière Saharienne : une menace accrue pour la population vulnérable, exacerbée par l’insécurité

Crédit photo: Traversée de la poussière Saharienne sur l'océan Atlantique

Haïti sous un voile de poussière Saharienne : une menace accrue pour la population vulnérable, exacerbée par l’insécurité

Crédit photo: Traversée de la poussière Saharienne sur l'océan Atlantique

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Le ciel haïtien s’est drapé d’un voile ocre épais depuis plusieurs jours, signalant l’arrivée d’un imposant nuage de poussière en provenance du désert du Sahara qui devrait selon les experts durer environ 4 jours. Si ce phénomène météorologique est récurrent dans les Caraïbes, son impact actuel est particulièrement alarmant pour Haïti, où des milliers de personnes vivent dans des conditions de précarité extrême, directement liées à la situation sécuritaire délétère de Port-au-Prince.

 

Ce “panache” de poussière, charriant des millions de particules de sable et de minéraux sur des milliers de kilomètres, aggrave une crise sanitaire déjà latente. Les particules fines, invisibles à l’œil nu mais omniprésentes, pénètrent profondément dans les voies respiratoires, exacerbant les affections pulmonaires et provoquant de nouvelles irritations. Mais à Port-au-Prince, cette menace environnementale s’abat sur une population déjà à bout de souffle, confrontée quotidiennement à la violence des gangs et aux déplacements forcés.

 

La situation sécuritaire chaotique a contraint plus d’un million de personnes à fuir leurs foyers à travers le pays, dont une large majorité dans la capitale. Des milliers de familles vivent désormais en plein air, dans des camps spontanés, sous des tentes de fortune, ou dans des abris de fortune dans des écoles, des églises ou des places publiques. Pour ces déplacés internes, l’injonction de “rester à l’intérieur” ou de “fermer portes et fenêtres” résonne comme une ironie cruelle. Leurs “abris” offrent peu ou pas de protection contre les balles et les gangs terroristes, et encore moins contre l’infiltration microscopique des particules de poussière saharienne.

 

“Nous n’avons nulle part où nous abriter”, témoigne une mère de quatre enfants déplacée de Carrefour-Feuilles, vivant désormais sous une bâche dans une cour d’école. “La poussière s’infiltre partout, même dans la petite tente. Mes enfants toussent sans arrêt, leurs yeux sont rouges. Je me sens impuissante. Nous ne pouvons pas fuir les gangs, et maintenant cette poussière qui nous étouffe, Dieu semble nous avoir totalement abandonné.”

 

La situation est particulièrement critique pour les personnes âgées, les jeunes enfants et les personnes souffrant déjà de maladies chroniques, dont beaucoup ont un accès très limité, voire inexistant, aux services de santé en raison de l’insécurité qui entrave les déplacements et la fourniture d’aide humanitaire. Les centres de santé, déjà débordés, manquant cruellement de personnel et de médicaments, et parfois inaccessibles en raison des affrontements, anticipent une augmentation dramatique des cas d’affections respiratoires aiguës, d’asthme et de conjonctivite.

 

“Chaque fois que ces nuages de poussière arrivent, on voit une flambée des problèmes respiratoires,” explique un médecin d’un centre de santé local, souhaitant garder l’anonymat. “Mais cette fois-ci, la vulnérabilité est amplifiée par les déplacements massifs de population et l’impossibilité pour beaucoup d’accéder aux soins.”

 

En plus des problèmes de santé immédiats, la poussière saharienne réduit considérablement la visibilité, augmentant les risques d’accidents, et peut potentiellement affecter l’agriculture à petite échelle, déjà fragilisée par les pillages et l’insécurité qui empêche les agriculteurs d’atteindre leurs champs ou de vendre leurs produits.
Ce nuage de poussière est associé à la prolifération excessive d’algues comme les sargasses, cependant un apport de nutriments tels le Phosphore, le potassium le magnesium et le calcium et parfois du fer sont présents dans cette poussière.

 

Face à cette menace invisible mais bien réelle, superposée à une crise humanitaire et sécuritaire sans précédent, a l’inexistence totale du ministere de la Santé publique (MSPP) les appels à l’aide internationale se multiplient. Les organisations humanitaires sur place par manque de moyens ne reagissent point ni dans la distribution de masques ni dans la sensibilisation aux gestes barrières, la tâche est colossale au vu de l’ampleur de la population exposée et du manque criant d’infrastructures adéquates, exacerbé par la violence qui rend certaines zones inaccessibles.

 

L’absence totale de communication et de réaction de la part de la Protection Civile et du MSPP (Ministère de la Santé Publique et de la Population) face au nuage de poussière est profondément préoccupante. Alors que cette “tueuse silencieuse” s’abat sur Haïti, la population est laissée à elle-même, sans le moindre avertissement ni les directives essentielles pour traverser cette période de crise sanitaire.

 

Ce mutisme institutionnel est non seulement un manquement grave à leur devoir fondamental de protection et d’assistance, mais il expose également les citoyens à des dangers accrus, notamment des problèmes respiratoires et d’autres complications de santé. Il est impératif que ces organismes assument leurs responsabilités et mettent en place des mécanismes de communication et d’aide efficaces pour prévenir de nouvelles pertes et soutenir la population face à cette menace invisible mais bien réelle. Le temps est à l’action et non au silence.

 

Le nuage de poussière saharienne rappelle avec force la précarité environnementale et sociale d’Haïti, inextricablement liée à la situation sécuritaire. Au-delà de l’urgence sanitaire actuelle, il souligne la nécessité impérieuse d’une approche globale et coordonnée pour restaurer la sécurité, fournir un abri décent aux déplacés, et renforcer le système de santé, afin que le prochain voile ocre ne soit pas synonyme de catastrophe pour les plus démunis et les plus vulnérables.

DSB/Monopole

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